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Lettre de naissance d’A

par | 2 Juil 2017 | Récits d'accouchements

Je m’appelle A., j’ai bientôt 32 ans, et nous avons accueilli avec mon conjoint L. notre premier enfant L. le 10 février 2014 ! C’est un bébé surprise qui a été conçu après 3 mois d’une nouvelle relation, et nous avons décidé que s’il nous avait choisi, c’est que nous devions être ses parents.

Nous habitons dans un bus, et ma grossesse présentait d’après mon gynécologue des risques (plusieurs papillomavirus, colonisation du col de l’utérus en janvier 2013, rdv avec échographie tous les 10-12 j, repos forcé à 4 mois ½ de grossesse afin de reculer la date d’accouchement un maximum car d’après mon gynéco, « si l’on passait la date de prématurité, ce serait bien, mais il naîtra bien avant terme »).

L. est né 5 jours après terme, après 42 h de contractions, un déclenchement, deux péridurales, les cuillères, les pleurs, l’épisio, les hémorroïdes, enfin la totale ! Franchement pas l’accouchement rêvé !

Comme son intestin avait commencé à fonctionner in utero, j’ai juste eu le temps de l’attraper, mais n’ai pas eu le droit de le serrer fort contre moi, car il a fallu couper le cordon très vite, pour me le prendre et l’aspirer… J’aurais voulu que le cordon cesse de battre tout seul, laissant le temps d’atterrir à mon petit… déception… J’aurais voulu garder le placenta pour l’enterrer et planter un arbre, encore une déception… (nous avons quand même planter l’arbre !). J’aurais voulu accoucher dans l’eau… J’ai accouché, écartelée, les quatre fers en l’air, avec des pinces à salade entre les jambes… Ils ont fait sortir mon compagnon car la vue des instruments pouvait choquer, mais ils ne m’ont pas dit de ne pas regarder. Choquée ! J’ai été meurtrie, dans mon corps et dans ma tête, et j’en garde un souvenir de douleur difficilement oubliable…

Nous avions déjà un projet de naissance à domicile, mais nous avons été gentiment découragés par ces « nombreux » risques, et comme je ne voulais absolument pas accoucher à la grande usine hospitalière de Quimper, nous avons donc préféré faire de la route et choisi l’hôpital de Landerneau, plus petit, plus familial mais quand bien même médical.

J’ai été déstabilisée de ne pouvoir manger, boire, de souffrir toute seule dans ma chambre, sans repères, et sans me fier à mon instinct, voyant défiler les sages femmes m’expliquant des choses différentes, la froideur de certains professionnels, etc. Heureusement que l’élève sage femme, jeune et pétillante, qui m’a suivie durant la dernière journée du travail est restée avec moi jusqu’à la fin, malgré la fin de sa garde, et que son sourire et sa bienveillance m’ont permis de continuer de croire en moi. Je lui en suis reconnaissante pour ça.

Enfin, tout ça pour vous dire que je reste persuadée que l’accouchement à domicile reste la meilleure façon de gérer son stress, d’être la véritable actrice de son accouchement, et de pouvoir offrir une venue au monde décente et emplie de tendresse et d’amour à un petit être nouveau. Comme nous avons envie d’agrandir notre famille mais que j’angoisse déjà de revivre un accouchement pareil, un accouchement à la maison s’imposera.

Mais si je vous écris aujourd’hui c’est pour vous parler de ma sœur A. (30 ans). Ils ont avec son conjoint N. un petit garçon de bientôt 3 ans, et attendent un deuxième bébé pour le mois de juillet. Son garçon est né à l’hôpital de Quimper et ma sœur en garde un souvenir flou, mêlé de bien trop de gens, de froideur de l’hôpital, de fatigue, d’impersonnalité, de réveil à 7 h du matin etc. Enfin, tout ce qu’on peut reprocher au protocole hospitalier !

Pour leur deuxième, elle a pris contact très rapidement avec les sages-femmes du département pour projeter un accouchement à la maison, mais entre déménagement, défaut d’assurances, ou 10 km de trop au compteur, aucune d’entre elles ne veut les accompagner dans le processus d’un accouchement à domicile.

Je vois bien qu’elle est tout à la fois déçue, angoissée et qu’elle ne sait plus trop quoi faire. Elle va se résoudre à retourner faire naître son enfant à l’hôpital mais comment peut-elle être dans les meilleures dispositions pour accueillir son enfant si elle y va à reculons ?

Je lance un appel donc, à qui pourra nous aider, pour ma sœur actuellement, et pour moi plus tard. Faut-il se lancer dans une démarche d’accouchement seule, sans aide extérieure ? Y a-t-il des sages-femmes qui traversent les départements ? Peut-on encore rêver de vouloir être tranquille chez soi, confiante, entourée et accompagnée pour faire valoir ce qui est encré au plus profond de nous, la faculté de faire naître nos enfants ? Y a-t-il des solutions ?

J’ai envie d’y croire…

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